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Edward Steichen
Edward Steichen (27 mars 1879-25 mars 1973) est une des figures les plus prolifiques, influentes et controversées de l’histoire de la photographie. Le musée du Jeu de Paume à Paris le décrit comme « un innovateur incessant » qui « a exercé ses talents dans presque tous les genres et sujets photographiques---portraits, nues, natures mortes, paysages urbains, flore, danse, théâtre, mode, publicité et guerre---ainsi que dans le graphisme, la typographie et la direction artistique. »
The Arts Arena | Harriet Lye, traduit de l'américain par Juliette Mackie Dominati
Steichen maîtrisait un usage de la photographie à la fois commercial et créatif. Son histoire parcourt le Luxembourg, le Middle West Américain, les études et expositions à Paris, et finalement New York où il fut l’un des premiers à présenter quelques uns des plus grands peintres français et à photographier les créateurs de haute couture les plus célèbres de France.

Edward avait deux ans, en 1881, lorsque la famille Steichen déménagea de Bivange, au Luxembourg, pour s’installer à Hancock dans le Michigan. Sa carrière artistique commença en 1894, quand, à l’âge de quinze ans, il devint apprenti à l’American Fine Art Company, une compagnie de lithographie à Milwaukee, spécialisée à la fois dans la conception et l’imprimerie d’affiches et dans le commerce de cartes d’affaires. Steichen a toujours été intrigué par l’utilisation commerciale de l’art; durant les années 1890, de manière indépendante, il étudiait à la fois la peinture et la photographie, moyens d’expression pouvant servir à la fois dans le commerce et dans l’art. Afin de persuader le public amateur d’art photographique, Steichen chercha à produire des photographies qui « révélaient l’humeur, la manière, ou l’attitude des peintures et des photographies que le public, avec confiance, considérait comme œuvres d’art ». Cette approche, connue sous le nom de « Pictorialisme », fut à la fois l’origine et l’impulsion du début de son œuvre et il resta fidèle à cet usage tout au long de sa carrière.
Ce fut à Paris qu’il reçu pour la première fois une formation classique en art plastique. C’était au printemps 1900. Steichen étudiait le dessin à l’Académie Julian et n’avait presque pas d’expérience académique en arts plastiques mais avait une solide image de lui-même en tant qu’artiste.

Lors de sa photographie « Self-Portrait with Brush and Palette » (littéralement « Autoportrait avec Pinceau et Palette ») il se dépeint dans la pose traditionnelle du Grand Maître, plein d’assurance, et, muni d’un pinceau et de peinture, il regarde avec confiance l’appareil photo. Les manipulations caractéristiques de tirage d’avant-guerre de Steichen sont bien représentées ici: à cette époque il apposait des couches de couleur avec des coups de pinceau afin d’isoler certaines parties de la photographie. Ce processus qui rappelle la manière de peindre propre au peintre, exprime son approche Pictorialiste et sa croyance en la photographie en tant qu’art plastique. Steichen a d’ailleurs déclaré que ses intentions étaient de créer une image qui serait « une réponse de la photographie à ‘L’Homme au gant’ [de Titien] »


En 1902, Steichen fut invité à l’exposition du Salon du Champs-de-Mars, mais, en dernière minute, ses photographies furent refusées. Le débat qui s’ensuivit à propos du statut de la photographie en tant qu’art plastique amplifia la réputation d’ « enfant terrible » de Steichen. A la fin de l’année 1902, après avoir passé deux ans à Paris, Steichen retourna à New York où il ouvrit un studio de portrait au 291 Fifth Avenue. A New York, il rejoignit le groupe Photo-Secession, un mouvement pour lequel, selon Alfred Steiglizt, il s’agissait de « faire sécession de l’idée établie de ce que compose une photographie.» Steichen parla avec Steiglitz d’ouvrir une galerie, la Little Galleries de la Photo-Secession, connue simplement plus tard sous le nom de 291, d’après son adresse, qui ouvrit en novembre 1905. Cette galerie fut parmi les premières aux Etats-Unis à présenter des artistes comme Henri Matisse, Auguste Rodin, Paul Cézanne, Pablo Picasso et Constantin Brancusi. Les photographies de Steichen furent présentées dans la revue avant-gardiste Camera Work de Steiglitz. Non seulement Steichen fut l’artiste le plus représenté, mais il aida aussi à dessiner la mise en page et la typographie de la revue. La publication cristallisa les moments clés du mouvement Pictorialiste.
 

Pendant son temps libre, Steichen prenait des photographies dans les bois de Milwaukee; sa photographie le plus connue, "The Pond-Moonlight", a été prise en 1904. En Février 2006, lors d’une vente aux enchères, un tirage a été vendu à 2,9 millions de dollars, alors le plus haut prix jamais payé pour une photographie. La photographie vendue est l’un des trois seuls tirage existant et chacun est unique. L’impression des couleurs sur cette image a été créée à la main en apposant plusieurs couches de résines photosensibles. En 1904, Steichen faisait partie de la poignée de photographes qui utilisaient cette approche expérimentale. Cette photographie est un excellent exemple du style de l’artiste à ses débuts: elle utilise un flou artistique et fut inspirée par les peintures romaines. Steichen comparait ce style aux paysages Impressionnistes, mais, précis dans l’étude de son travail, il « discerna un lien plus étroit à l’évocation intuitive de l’esthétique du symbolisme. »

Condé Nast l’employa de 1923 à 1938 en tant que directeur de la photographie pour Vogue et Vanity Fair. La revue était le format parfait pour Steichen, lui permettant de faire le pont entre le monde de la publicité et celui de l’art photographique. Pendant ces années, il établit la position de référence de la revue dans le monde de la mode, de la musique, de la littérature, et de la haute société. Il photographia acteurs célèbres, réalisateurs, dramaturges, écrivains, athlètes et politiciens, et s’intéressant activement au format de la revue, composa ses photographies pour compléter l’ensemble de la mise en page. Les créations des plus grands couturiers ---Worth, Poiret, Lelong, Lanvin, Chanel et Schiaparelli --- étaient toutes rassemblées dans le studio de Steichen. Basant ses compositions sur les lignes en gras et les contrastes vifs du mouvement Art Déco, Steichen était passé maître pour rendre la qualité et les détails subtils de la fabrication. Il était alors considéré comme le photographe le plus connu et le mieux payé du monde. Alors qu’il travaillait à Condé Nast, Steichen prenait en même temps des photographies pour des agences de publicité.
 

Pendant la Première Guerre Mondiale, Steichen fut responsable d’unités importantes dans l’armée américaine qui contribuèrent à la photographie militaire, et aussi à leur acheminement sur le terrain. Ces photographies sont d’une valeur documentaire extraordinaire et exposent la manière dont les « techniques contraignantes de la photographie militaire aérienne et les impératifs de précision et d’objectivité qui sont imposées en altitude élevée, l’ont incités à rompre radicalement avec l’esthétique du Pictorialisme. » Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclata, Steichen avait 60 ans, néanmoins il s’enrôla et occupa le poste de Directeur de la Photographie Navale où il choisit les meilleures photographies prises par ces hommes pour la presse et les campagnes de recrutement. En 1941, à la demande du MoMa, Steichen organisa l’exposition Road to Victory (littéralement « Chemin vers la Victoire »). Cette exposition marqua la reconnaissance du monde de l’art qui considérait enfin la photographie comme à la fois véritable forme d’art et puissant média de communication de masse.
 

Steichen réalisa le documentaire de guerre  The Fighting Lady  qui gagna l’Oscar du meilleur film documentaire en 1945. Après la Seconde Guerre Mondiale, Steichen fut nommé Directeur du Département de Photographie du MoMa, poste qu’il occupa jusqu’en 1962. L’une de ses expositions les plus célèbres eut lieu en 1955 lorsqu’il présenta le projet panoramique et humaniste, The Family of Man  (« La Famille de l’Homme »). Steichen pensait que « l’enjeu de la photographie est d’expliquer l’homme à l’homme et chacun à soi-même. Et ceci est la chose la plus compliquée sur terre ». The Family of Man a voyagé dans soixante neuf pays et a été vue par près de neuf millions de personnes.

Le 6 décembre 1963, le Président Lyndon Johnson décerna à Steichen la Presidential Medal of Freedom (la médaille présidentielle de la Liberté).  Edward Steichen mourut à l’âge de 93 ans à West Redding dans le Connecticut. Aujourd’hui, une version rénovée de The Family of Man  est installée de façon permanente au Château de Clervaux au Luxembourg.

 

Bibliographie choisie

Brandow, Todd and Willian Ewing. Steichen: Une épopée photographique. London:  Thames & Hudson, 2007.
DePietro, Anne Cohen and Mary Anne Goley. Edward Steichen: Four Paintings in  Context. New York: Hollis Taggart Galleries, 2003.
DePietro, Anne Cohen. The Paintings of Edward Steichen. Huntington, New York: The  Heckscher Museum, 1985.
Ewing, William et. al.  Edward Steichen: Carnet Mondain: Les années Condé Nast 1923- 1937. London: Thames & Hudson,  2008.
Mitchell, Emily. The Last Summer of the World. New York: Norton, 2007.
Niven, Penelope. Steichen: A Biography. New York: Clarkson Potter, 1997.
Sandeen, Eric J. Picturing an Exhibition: The Family of Man and 1950's America. St.  John’s: University of New Mexico Press, 1995.
Smith, Joel. Edward Steichen: The Early Years. Princeton, NJ: Princeton University  Press, 1999.
Steichen, Edward. The Family of Man: The Greatest Photographic Exhibition of All  Time. New York: Maco Pub. Co for the Museum of Modern Art, 1955.

Steichen, Edward. A Life in Photography. New York: Doubleday, 1963.


 
 

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