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Josephine Baker
Josephine Baker (3 juin 1906- 12 avril 1975), américaine expatriée, s’est fait un nom en France en tant qu’artiste de cabaret et actrice - « la femme la plus sensationnelle qu'on ait jamais vue ou verra » disait d’elle Ernest Hemingway.
The Arts Arena | Harriet Lye. Traduit de l'américain par Juliette Mackie-Dominati
Baker devint une célébrité internationale quand, à Paris, elle joua le rôle principal dans La Revue Nègre, captivant le public avec sa Danse Sauvage. Elle fut la première femme Afro-Américaine à devenir une star de cabaret mondialement connue et à jouer dans un grand film ; elle a aussi brillé dans le domaine des droits de l’Homme: récompensée par la Croix de Guerre et la Rosette de la Résistance pour sa participation à la résistance française pendant la seconde guerre mondiale, nommée Chevalier de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle, elle fut aussi un membre actif de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), et la première artiste de scène à dénoncer la ségrégation raciale en Amérique.

Les numéros de Baker étaient excentriques, enjoués, courageux et exotiques. Elle devint un des symboles de la libération sexuelle, aussi son influence s’étendit-elle au-delà de la scène: elle était une muse pour les écrivains, les peintres, les créateurs de mode et les sculpteurs, dont Langston Hughes, F. Scott Fitzgerald, Hemingway, Pablo Picasso, Colette et Christian Dior.

Née à St. Louis dans le Missouri, issue d’une famille pauvre ayant l’esclavage en mémoire, Baker vécut dans les bas-quartiers d’un monde ségrégationniste. A l’âge de huit ans, elle fut envoyée au travail et souffrit de maltraitance de la part de la femme blanche qui l’employait. A douze ans, elle prit son indépendance: Baker abandonna l’école et vécut en fille des rues à St. Louis. En parlant de sa jeunesse, elle disait « Je recevais les claques [de la vie], mais je les prenais les joues hautes, dignement, parce que j’aimais et respectais profondément l’humanité ». Pour gagner quelques sous, Baker dansait au coin des rues et, à 15 ans, on la remarqua et la recruta au St. Louis Chorus. Avant même d’avoir 16 ans, elle quitta à la fois St. Louis et son second mari, et, en 1921, déménagea à New York, à l'apogée du Harlem Renaissance, où elle joua au Plantation Club. Bien qu’elle eût un certain succès à New York, ce ne fut pas avant sa venue à Paris, à l’âge de 19 ans, qu’elle devient La Baker.

Si Baker emménagea à Paris, ce fut pour être libre. « Un jour, j’ai réalisé que j'habitais un pays où je vivais dans la peur d’être noire. C’était un pays uniquement pour les blancs. Pas les noirs. Donc je suis partie. J’étais en train de suffoquer aux Etats-Unis. Beaucoup d’entre nous sont partis, pas parce que nous voulions partir, mais parce que nous ne pouvions plus supporter cela. Je me suis sentie libérée à Paris. » Le 2 octobre 1925, elle commença à Paris au Théâtre des Champs-Elysées et connut un succès immédiat. Elle remuait ses hanches -et le public- et tournait la tête du tout Paris avec ses danses exotiques. Pour son entrée en scène lle arrivait entièrement nue, avec comme seul costume une plume rose. Jouer lui donnait de l’énergie, la rendait vivante: « J’improvisais, rendue folle par la musique… Même mes dents et mes yeux brûlaient de fièvre. Chaque fois que je sautais il me semblait que je touchais le ciel et quand je retombais sur terre, il me semblait qu’elle n’appartenait qu’à moi ».

L’arrivée de Josephine Baker à Paris coïncida avec l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925 (l’exposition qui donna naissance à l’appellation « Art Déco »). L’Exposition s'orientait en particulier vers l’art Nègre, à quoi venait s’ajouter la fascination de l'époque pour toutes les choses exotiques, ce qui contribua au triomphe que Baker fit en France. Son corps était sculpté, rond, et noir comme une statue Africaine; elle était l’opposé de la ballerine élancée, élégante, pâle comme de la porcelaine. On faisait allusion à son corps comme « au corps de la démocratie », parce qu’il bouleversait l’idéal de beauté occidental. Baker devint l’un des symboles les plus célèbres du jazz, incarnant un charme nouveau, exotique, insouciant, désinhibé, enjoué.

Dès 1927, Baker rapportait plus que n’importe quel autre artiste de cabaret en Europe. Elle joua dans deux films au début des année 1930, Zou-Zou et Princesse Tam-Tam, mais ne se considéra jamais vraiment comme une star de cinéma. Elle fit déménager sa famille de St. Louis aux Milandes, sa propriété à Castelnaud-Fayrac, et devint citoyenne française en 1937 quand elle épousa son troisième mari, le français Jean Lion.

Après avoir quitté les Etats-Unis pour la France, son patriotisme fut à la fois ambigu et double: sa plus célèbre chanson, « J’ai deux amours » parle de son pays natal, les Etats-Unis et Paris, son pays d’adoption. Elle disait « [la Tour Eiffel] est très différente de la Statue de la Liberté, mais quelle importance? A quoi bon avoir la statue mais pas la liberté? »

En 1936, elle retourna aux Etats-Unis pour jouer dans Ziegfeld Follies, une décision qui se révéla désastreuse. Malgré sa célébrité et son succès en Europe, le public Américain la rejeta, incapable d’accepter l’idée d’une femme noire aussi sophistiquée et avec autant de pouvoir. La critique fut cruelle: le New York Times l’appela « la nana Nègre ».

Ironiquement, sa célébrité lui offrit une sécurité pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les Nazis, conscients de sa popularité, hésitèrent à lui nuire. Sa personne publique et privée lui permit de servir la France de plusieurs manières: elle joua pour les troupes, fut une correspondante pour la Résistance Française (elle dissimulait des messages secrets sur des partitions de musique), et fut sous-lieutenant dans le British Women’s Auxiliary Air Force.

Lorsque Baker retourna aux Etats-Unis, dans les années 1950 et 1960, sa lutte contre le racisme s’intensifia avec force. Elle refusait de jouer devant des publics racialement séparés, et lorsque le Stork Club de New York l'interdit de scène, elle provoqua une polémique médiatique dans un face à face avec le journaliste pro-ségrégationniste Walter Winchell. La NAACP choisit le 20 mai comme « Jour de Joséphine Baker » pour honorer ses efforts. En 1963, portant un uniforme décoré de la Légion d’Honneur, elle fut la seule femme à prendre la parole lors de la Marche sur Washington aux côtés de Martin Luther King.

Elle adopta 12 enfants qu’elle éleva avec son quatrième mari, le chef d’orchestre Jo Bouillon. Elle appelait sa famille « la Tribu Arc-en-ciel », parce que ses enfants venaient du monde entier: Finlande, Côté d’Ivoire, Colombie, Japon, Algérie, entre autres. Elle voulait prouver que « des enfants de différentes ethnies et religions pouvaient être frères ».

Le 8 avril 1975, Joséphine Baker ouvrit la première de son spectacle au théâtre Bobino de Paris. Des célébrités comme la Princesse de Monaco, Mick Jagger et Sophia Loren faisaient parties du public pour voir la star de 68 ans jouer un pot-pourri de 50 ans de carrière. La critique fut parmi les meilleures qu’elle reçut. Quelques jours plus tard, cependant, elle tomba dans le coma. Elle mourut d’une hémorragie cérébrale le 12 avril.
Une foule de plus de 20 000 personnes envahit les rues de Paris pour suivre la marche funèbre vers l’église de la Madeleine. Le gouvernement français l’honora d’une salve de 21 coups de canon, faisant de Josephine Baker la première américaine enterrée en France avec les honneurs militaires.
 
Performances Remarquables
 
- 1921, au Plantation Club à Harlem 

- 2 Octobre 1925, son show d'ouverture au Théâtre des Champs-Élysées 

- 1936, son premier show aux Etats-Unis après son déménagement pour la France, aux Follies de Ziegfeld 

- Son dernier show le 8 Avril 1975 au Théâtre Bobino à Paris  
 

  THE ARTS ARENA


 
Josephine Baker  


 
Les films de Joséphine
La sirène des tropiques, 1927
La revue des revues, 1927
Le pompier des Folies Bergères, 1928
La folie du jour, 1929
Zouzou, 1934
Princesse Tam Tam, 1935
Moulin Rouge, 1940
Fausse alerte, or The French Way, 1945
Ten on Every Finger, 1954
Carosello del varietà, 1955
Grüsse aus Zürich, 1963


 
Les albums de Joséphine
J’ai deux amours
Bonsoir My Love
The Black Pearl
Les Etoiles de Chanson


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