Des mots anglais dans le lexique français |
Parce que la langue française a toujours bénéficié d'une aura de sophistication auprès des anglophones, leurs propos empruntent au Français un très grand nombre de termes pour la mode, l'escrime, la danse et toutes sortes de termes s'apparentant au raffinement, aux cérémonies et, pour emprunter au Français, pour l'étiquette et la politesse – par exemple, rendez-vous, RSVP, et portmanteau (qui signifie en anglais un mot constitué à partir de la combinaison de deux autres mots, comme « brunch »). |
The American Library in Paris | Grant Rosenberg. Traduction de Laurence Moachon |
De leur côté, les francophones se sont approprié leur part de mots anglais, pour la plupart découlant de l'influence dominante de la culture anglophone et notamment américaine.
Ces termes sont prépondérants dans la langue des affaires et de la technologie. Des mots comme leader et leadership, management, challenge, marketing, blog, start-up et même job ont à ce point infiltré la langue française que les élus et les dirigeants les utilisent, bien qu’ils soient parfois critiqués pour les employer. Contrairement aux États-Unis, la France ne dispose que d'une seule autorité en matière de langue française, bien que ses décisions ne soient que consultatives. L'Académie Française a été créée par le Cardinal de Richelieu en 1635 et comprend 40 membres (appelés Immortels) qui font référence et réglementent en matière de langue française. L'Académie qui se trouve dans le bâtiment de l'Institut de France donnant sur la Seine et le Pont des Arts, dans le VIe arrondissement de Paris, publie également un dictionnaire. La neuvième édition est en cours de constitution. En dépit de ses réglementations et tentatives pour tenir en échec les mots étrangers, l'Académie a accepté des mots de l'Anglais et d'autres langues. Par exemple, barbecue, flash-back, best-seller, baffle et gospel. En revanche, elle s'est battue pour maintenir hors du lexique français des mots comme “e-mail”, s'efforçant par contre de le remplacer par le mot courriel (un terme franco-canadien qui est lui-même un mot-valise pour courrier électronique). Le gouvernement français a donné son accord et, depuis 2003, banni le mot e-mail de tous les documents officiels, au profit de courriel. Toutefois, courriel n'est pas passé dans le grand public - l'abréviation privilégiée est simplement mail, ce qui prouve que de telles tentatives sont à la merci de l'évolution systématique et capricieuse de la langue et de la terminologie. Après tout, d'autres termes informatiques, comme télécharger (pour download), base de données (pour database) et disque dur (pour hard drive) sont d'un usage courant, sans aucune référence à leur contrepartie anglaise. Toutefois, la majorité des mots anglais dans la langue française ne sont pas des transpositions directes comme job, weekend et babysitting. Ils sont appelés parfois franglais: des mots anglais dont l'usage français n'est, soit pas exactement le même qu'en Anglais, soit totalement différent. Par exemple, baskets pour des chaussures de sport, ou catch pour la lutte professionnelle. De nombreux verbes anglais sont utilisés comme des noms en Français, tels jogging, parking, shampooing, zapping, et relooking. Certains mots anglais se sont subrepticement glissés dans la langue française pour remplir une lacune. Brunch, par exemple, a été adopté lorsque le repas est lui-même devenu populaire dans les restaurants, le dimanche. Et pourtant, en d'autres occasions, le Français a adopté des termes anglais en dépit de mots existants. Pour revenir au point de départ, le monde de la mode – longtemps considéré comme le monopole des Français – incorpore de plus en plus de mots anglais, souvent sous une forme pseudo-angliciste. Le mot “fashion” même est utilisé comme adjectif pour indiquer que quelque chose est à ma mode, de même que le mot “trendy”, alors qu'il a respectivement les mots mode et tendance.
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