Le Ballet de New York |
Le Ballet de New York entretient, avec la France, une complicité créative de longue date et d’importance historique. |
ARTS ARENA | Margery Arent Safir, Directrice Générale |
Les chorégraphes fondateurs du Ballet de New York, George Balanchine (1904-1983) et Jerome Robbins (1918-1998), ont tous deux reçus les plus hautes distinctions culturelles en France – Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur et Commandeur des Arts et des Lettres – et leurs ballets ont été mis en scène à travers toute la France depuis leurs créations. Le directeur actuel du Ballet de New York, Peter Martins (1946-), aussi Commandeur des Arts et des Lettres, a fait venir la troupe à Paris pour de nombreuses représentations depuis la mort de Balanchine.
L’histoire de Balanchine avec la France commence en 1928. Le 12 juin de cette année, la première de son ballet, Apollon Musagete, créé alors qu’il dansait avec le Ballet Russe de Sergei Diaghilev, a eu lieu au Théâtre Sarah Bernhardt à Paris, dirigé par le compositeur, Igor Stravinsky. La première du Fils Prodigue, un an plus tard, fut aussi à Paris suite à quoi le directeur de l’Opéra national de Paris, Jacques Rouché, engagea Balanchine comme chorégraphe pour Les Créatures de Prométhée. Il conçut les grandes lignes du ballet ainsi qu’une partie de la chorégraphie, complétée ensuite par un chorégraphe français né en Ukraine, Serge Lifar, au moment où Balanchine tomba malade. En 1930, Balanchine créa Aubade pour la troupe de Vera Nemtchinova et en 1931, il chorégraphia une mise en scène de l’opéra comique d’Offenbach, Orphée aux Enfers, avec un groupe de danseurs nommé « Ballets Russes de Georges Balanchine ». Il quitta ensuite Paris pour devenir directeur d’une nouvelle troupe de danse à Monte Carlo, et reviendra en 1933 pour créer « Les ballets 1933 » pour laquelle il concevra Mozartiana, Les Songes, Les Sept péchés capitaux, et l’Errante, parmi bien d’autres. Sous l’incitation de l’américain, Lincoln Kirstein, Balanchine traversa l’Atlantique pour se mettre au ballet américain. « Pour commencer, il faut avant tout une école », insiste Balanchine et c'est en 1934, qu'il fonde l’Ecole de danse américaine en collaboration avec Kirstein. Le premier ballet de Balanchine en Amérique, Sérénade, fut chorégraphié pour « enseigner [aux danseurs américains] comment se déplacer sur scène. Je n’avais aucunement l’intention de créer quoi que ce soit. » Le ballet que Balanchine n’avait aucunement l’intention de créer devint l’une de ses œuvres séminales, interprétée depuis 1934 par des troupes de part le monde, et en 1947, par l’Opéra de Paris sous sa propre direction. Alors qu’il y était maître de danse invité, il mit aussi en scène Apollon et Le Baiser de la Fée pour l’Opéra de Paris et créa Palais de Cristal (mieux connu en dehors du cercle de l’Opéra sous le nom de Symphonie en C), dont la première a eu lieu le 28 juillet, 1947. De retour à New York en 1948, Balanchine et Lincoln Kirstein fondèrent officiellement le Ballet de New York avec Jerome Robbins comme chorégraphe adjoint. Aujourd’hui, la troupe fait une saison de 23 semaines au Théâtre David H. Koch au Lincoln Center, conçu par l’architecte Philip Johnson. Unique dans l’histoire de la danse américaine, elle forme ses propres danseurs et elle crée ses propres œuvres. Elle est à ce jour l’une des troupes de danse les plus réputées dans le monde. Le Ballet de New York tourne à travers la France depuis 1952 – Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux – et le Ballet de l’Opéra de Paris a mis en scène plus d’œuvres de Balanchine que n’importe quelle autre troupe en dehors des Etats-Unis. Lorsque l’Opéra de Paris interprète la Symphonie en C au Bolchoï à Moscou en juin 1958, c’est la première fois qu’un ballet de Balanchine créé après son départ de la Russie en 1924 est dansé en Union Soviétique. Les œuvres de Jerome Robbins ont souvent été interprétées par le Ballet de l’Opéra de Paris et un bon nombre d’autres troupes françaises ont mis en scène les œuvres des deux chorégraphes : le Ballet de l’Opéra du Rhin, le Ballet Théâtre Contemporain, le Grand ballet classique de France, Ballets Janine Charrat, le Ballet du Grand théâtre municipal, le Ballet de pâques, le Ballet Théâtre français, le Ballet du Nord, le Ballet national de Marseille et le Ballet du Capitole. Au-delà de l’homme et de son répertoire, le Ballet de New York et la France se sont aussi échangés de grands danseurs. La ballerine française, Violette Verdy, a dansé pour Balanchine au Ballet de New York avant de devenir la directrice du Ballet de l’Opéra de Paris de 1977 à 1980. Balanchine et Verdy sont le sujet du film du cinématographe français, Dominique Delouche : Violette et Monsieur B. Avant de diriger le Ballet de l’Opéra de Paris (1983-1989), le légendaire Rudolf Nureyev a aussi dansé pour Balanchine au Ballet de New York. Le Ballet du Capitole de Toulouse est sous la direction de Nanette Glushak, une ancienne danseuse du Ballet de New York et du Ballet Théâtre américain. Sebastien Marcovici, Sofiane Sylve et Benjamin Millepied sont parmi les premiers danseurs du Ballet de New York venant de l’Opéra de Paris. Pour le final du Festival Jerome Robbins en 1990, un groupe de danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris est venu interpréter In the Night au New York State Theater avec parmi eux, Isabelle Guerin et Manuel Legris. L'automne 2009 marque un nouveau tournant dans l'histoire de la France et du Ballet de New York. En effet, la compagnie devient la première compagnie de danse étrangère à se produire à l'Opéra Bastille, cette salle moderne, qui avec l'Opéra Garnier est l'une des deux principales salle de l'Opéra de Paris. L’Apollon et La Symphonie en C de Balanchine sont au programme de la soirée gala, interprétés par des danseurs des deux troupes. « Aussi bien M. Balanchine que Jerome Robbins ont travaillé à Paris à différents moments de leurs carrières, tous les deux amoureux de la ville » nous dit Peter Martins. « Je suis ravi que l’Opéra ait décidé d’inviter le Ballet de New York à revenir dans cette ville magnifique, si importante dans l’histoire de la danse, et je suis très honoré de faire partie de la première troupe étrangère à danser sur la scène de l’Opéra Bastille. »
Ellen Sorrin, Directeur de The George Balanchine Trust
Directeur administratif de l’Institut Chorégraphique de la ville de New York (NYCB)
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